Chers professeurs, chers collaborateurs, chers élèves,
Le vendredi 13 mars, le Conseil fédéral, suivi par le conseil d’Etat valaisan, ont édicté des mesures exceptionnelles afin d’endiguer la pandémie qui frappe notre pays, qui paralyse le monde. Je ne peux que vous encourager à respecter toutes ces directives et ces recommandation. Il en va de la protection de notre population, en particulier des plus vulnérables. Parmi toutes les mesures prises et qui viennent perturber notre vie quotidienne, la fermeture des écoles nous touche particulièrement. Après les premiers moments de surprise, il faut bien admettre que ce temps d’arrêt forcé sollicite un effort supplémentaire et particulier de la part de chacun.
Cette semaine qui vient de passer, nous a permis de mettre en place, autant que possible, la poursuite de notre travail de formation dont la responsabilité n’incombe pas seulement à la direction, aux professeurs, mais à vous aussi chers étudiants. Bien des questions n’ont pas encore pas trouvé de réponse, bien des procédures d’enseignement à distance n’ont pas encore l’efficacité voulue. Il reste bien des choses à faire. Merci à tous de votre engagement exceptionnel pour un moment d’exception. Merci de tous vos efforts et de votre patience. Cette crise est une opportunité à saisir afin de donner à notre travail de formation sa vigueur et sa pertinence. N’hésitez pas à mettre la main à la pâte. Ce sera tout bénéfice pour chacun.
Enfin, permettez-moi un partage. Vendredi dernier, coïncidence sans doute, j’ai lu à ma classe un passage de Guerre et Paix de Léon Tolstoi dans lequel celui-ci rapproche du sens de l’histoire la notion mathématique de continuité. Evoquant ce texte, je ne peux aujourd'hui m’empêcher un autre parallèle. Guerre est Paix est une vaste épopée historique et humaine qui raconte la rencontre de deux mondes - la France révolutionnaire et une Russie encore féodale - lors de l’invasion de celle-ci par Napoléon. Un monde, pas toujours facile, qui confronte chacun et le contraint à l’inquiétude, à la souffrance, mais aussi à la volonté, à l’effort et à l’espérance. Cette crise gigantesque, Tolstoï la décrit sur mille pages en faisant vivre l’histoire de personnages, parfois hors du commun, parfois dans toute leur simplicité. Inutile de dire que c’est un chef d’œuvre.
Je sais que dans la mesure de vos moyens vous allez respecter les mesures édictées, que vous allez consciencieusement poursuivre votre travail de formation et que vous allez prendre du temps pour vous. N’est-ce pas l’occasion de vous plonger dans l’univers d’un roman conséquent et formateur comme Guerre et Paix, d’élargir votre regard. Manière excellente d’esquisser des réponses à des questions que nous posent aujourd’hui la situation.
Je vous souhaite pour les prochaines semaines beaucoup de courage au travail et de satisfaction aussi.
Chanoine Alexandre Ineichen, Recteur du Lycée-Collège de l'Abbaye